Tristan Garcia publie une réflexion sur le besoin d'intensité dans nos vies. Vivre le plus fort possible "vivre à fond", devient une injonction difficile à contourner, qu'il s'agisse d'expériences amoureuses, de drogues ou de sports extrêmes ou de tout autre chose qui procure une excitation intense.
Dans nos sociétés qui ont satisfait tous leurs besoins primaires , qui ne croient plus à la transcendance d'une vie éternelle et ne pratiquent plus la méditation que pour calmer leur stress, l'intensité devient le remède contre l'ennui, la platitude, la monotonie. Sans intensité, la vie ne vaut pas d'être vécue.
Le constat posé de notre travers à vouloir éprouver toujours plus pour échapper à la routine et à la banalité d'une vie nous interroge même s'il ne fournit pas de solution : aucune foi, aucune sagesse, ne nous délivrera de la médiocrité du quotidien vécu, pas même le fait de vouloir le rendre intense. Personne ne répondra pour nous à la question de ce qui fait la valeur d'une vie et le biographe manquera toujours d'arguments face à ceux qui prétendent que leur vie n'est pas intéressante.
Mais se poser la question de ce besoin d'intensité est déjà une manière de mettre à distance cette obsession qui peut tout simplement nous gâcher la vie. Ma fille décrit la vie que nous menons, mon mari et moi, comme "la vie au pays de la vie ralentie"...et je me dis que nous avons peut-être commencé à comprendre quelque chose, ou au moins à échapper en partie à l'air du temps en cultivant la routine et le cheminement tranquille.