Retrouver la cohérence des choix et des parcours pour toucher à la singularité des histoires de vie, nécessite de s'attarder sur toutes les dimensions de la personnalité de nos ancêtres, y compris leur foi.
Là encore, mes ancêtres se distinguent par leur attitude moyenne.
Tous mes ancêtres ont été élevés dans la religion catholique mais leurs degrés de pratique ont sans doute été très variables. Ils ont eu des oncles prêtres, des tantes religieuses et certaines mères confites en religion, ils ont vécu proches de lieux de mission (comme l’Ermitage au-dessus de Vollore) mais la tendance familiale semble plutôt pencher vers une mécréance discrète et ancienne, ou à une foi qui ne conduisait pas à rechercher le marthyr.
Pourtant la famille a aussi ses « marthyrs ». Deux curés Lévigne, deux frères (Hugues Lévigne (1743-1814) prêtre desservant de Vollore, Antoine Lévigne (1746 -?) missionnaire à l'ermitage puis prête desservant du Brugeron, tous deux grands oncles de Marie Lévigne (1809-1882) mon AAAAGM) qui furent condamnés à mort sous la révolution et un Mathieu Roiret (1770- 1794 séminariste) décapité à Lyon.
Les Lévigne originaires de Vollore en réchappèrent, sans doute cachés par leur famille dans ces montagnes où prospéraient des communautés agricoles très chrétiennes, et finirent leurs vies paisiblement.
Il n'en fut pas de même en Forez où la chasse aux curés non assermentés fut beaucoup plus féroce. On parle de « petite Vendée » et du « sinistre » conventionnel Claude Javogues 1759-1796. Mathieu Roiret originaire de Théolier commune de Noirétable était un lointain cousin de Marie Roiret (1804-1876), mon AAAGM.
Claude Javogues était avocat de formation inscrit au barreau de Montbrison. Il est élu député de la convention en 1792 et vote la mort de Louis XVI. Missionné par la Convention, il installe un tribunal révolutionnaire dans le Lyonnais. En septembre 1793, il annonce aux habitants de Montbrison, qui avaient soutenu les Lyonnais, « que le sang coulerait comme l'eau dans les rues » et que la ville s'appellerait Montbrisé. Il décide de raser les remparts de la ville, débaptise la ville et fait ériger une colonne infamante. Dans l'Ain, il proclame que « l'édifice de la prospérité publique ne pouvait se consolider que par la destruction et sur le cadavre du dernier des honnêtes gens ». Il sera fusillé par le Directoire en 1796 pour avoir été soupçonné d'avoir fait partie de la conjuration des Egaux de Babeuf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Javogues