J'ai déjà raconté combien il me semble important d'aller visiter les lieux où ont vécu nos ancêtres.
Les lieux où nous avons vécu nous marquent à jamais. Ils déterminent pour beaucoup notre relation au monde. Ce que l’on y voit, le temps qu’il y fait, les plantes qui y poussent, les chemins qui les traversent, qui y mènent ou qui en partent, les voisins que l’on a ou l’isolement dans lequel on vit, tout cela fait de nous ce que nous sommes.
Les lieux de l’histoire de ma famille tiennent dans deux mouchoirs de poche de vingt km de côté pour le plus grand, moins de dix pour le plus petit ; ils sont faciles à atteindre maintenant, ils sont tous en bordure d’une autoroute. L’A 89 (sortie Les Salles) pour la branche paternelle, l’A430 (sortie Albertville) pour la branche maternelle. Bien que mes ascendants aient peu bougé jusqu’à la génération de mes parents, ils vivaient dans des lieux de passage et de frontière : le franchissement des Monts du Forez, incontournable pour aller de Lyon à Bordeaux (celui qu’a suivi Montaigne en 1580), limite entre l’Auvergne et le Forez ; le passage vers l’Italie par le col du petit St Bernard (celui qu’a suivi Hannibal en -218 avant JC), limite entre la France et le royaume de Sardaigne.
Des pays rudes et isolés : La Chevalerie, Bournier, Sommet, Les Cros, Le Grand Bois, Bénétan ou Montesseau sont tous situés à plus de mille mètres d’altitude et connaissent la neige pendant les mois d’hiver (aujourd’hui encore), Coubanouze, Biorges et La Bâthie ou Esserts-Blay sont moins élevés et plus riants, moins isolés aussi. Tous ces hameaux sont de petite taille, même s’il faut les imaginer beaucoup plus peuplés qu’ils ne le sont aujourd’hui (certains sont quasiment inhabités , mais aucun n’est abandonné). Des pays où la pierre est toujours là près de la terre arable, où l’on cultivait le seigle et la pomme de terre plus que le blé.
Mais beaucoup de choses ont changé et comment s'y retrouver aujourd'hui ?
L'IGN a créé récemment un service extraordinaire et gratuit « remonter le temps » qui permet de comparer les cartes de Cassini aux relevés (et aux photos aériennes) actuelles. Il faut aller y faire un tour, c'est passionnant. J'ai mis en illustration comme exemple la carte des Salles selon Cassini et la carte IGN actuelle.
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