Depuis que j'ai dit autour de moi que j'écrivais des biographies, des amies me conseillent des livres qui parlent de l'écriture de biographies. Comment le biographe s'y prend-il, comment vit-il les réactions de la personne dont il consigne les souvenirs, quelles résistances les personnes ont-elles ou non à délivrer leur histoire ? C'est pour moi une mine d'idées et une analyse de pratique passionnante et c'est un sujet qui ne laisse pas indifférents les romanciers.
Je vous avais déjà parlé de "Le dernier mot" d'Hanif Kureishi, écriture d'une biographie commandée par un éditeur, d'une personnalité qui n'a pas vraiment envie de se livrer mais prend plaisir à jouer avec le biographe et à lui cacher/dévoiler ses souvenirs; également de "la mémoire de nos pères" de Sorj Chalandon, écriture de la biographie (à la demande de sa fille) d'un héros de la résistance qui se révèle être un affabulateur.
"Plume fantôme" d'Isabelle Wolff raconte aussi l'écriture d'une biographie mais dans de toutes autres conditions. La personne est volontaire pour raconter sa biographie (à la demande de ses enfants) et c'est plutôt la biographe qui a des problèmes avec sa propre histoire. Pourtant les souvenirs à faire revivre sont terribles : il s'agit d'un épisode peu connu (en France) de la seconde guerre mondiale relatif à l'enfermement par les japonais des planteurs hollandais qui se trouvaient alors en Indonésie https://fr.wikipedia.org/wiki/Occupation_japonaise_des_Indes_n%C3%A9erlandaises.
A travers l'histoire de l'une, l'autre va revisiter les zones obscures de sa propre histoire et elles vont toutes les deux trouver un certain apaisement dans le dévoilement de leurs souvenirs.
Il n'est pas anodin et parfois douloureux de revenir sur le passé. C'est une aventure un peu périlleuse pour laquelle s'embarquent deux personnes. Mais à terme le résultat permet de faire connaître des moments de l'histoire oubliés de tous et de rendre hommage à ceux qui les ont vécus.