J'ai enfin lu Robinson Crusoë, dans sa version intégrale ! Du moins le premier tome, celui qui se passe dans l'île, le second faisant le récit du retour en Angleterre. Et ça vaut la peine
de consacrer quelques heures à un livre vieux de trois siècles dont on ne connaît généralement que des extraits et qui a connu une telle postérité.
Qui a intéressé les économistes (le terme de robinsonnade aurait été créé par Marx pour décrire l'état d'autarcie avant le capitalisme), les éducateurs (Jean Jacques Rousseau ne donne qu'un livre à Emile : Robinson Crusoé), les romanciers pour adultes comme pour enfants, les metteurs en scène, les écologistes, les aventuriers, les tenants d'un retour à la nature et à l'état de chasseur-cueuilleur s'essayant progressivement à l'agriculture...et bien au-delà puisque Koh-Lanta passionne les spectateurs et qu' il existe des robinsonnades dans la collection Harlequin. Robinson, un mythe moderne par excellence qui mêle bien des thèmes (rien à voir avec Ulysse ! mais c'est une autre histoire) : solitude, revers de fortune et nécessité de reconstruction, reprise en main, autosuffisance, perte de repères, tourments du mental déchaîné par la peur, les illusions, les espoirs, les déceptions, les décisions à prendre, remède de l'activité physique, place la spiritualité, éloge de l'opiniatreté et de la mîtrise de soi, besoin de regression, dépression...Tous ceux qui disent vouloir faire l'expérience de la déconnexion (des réseaux sociaux) n'aspirent-ils pas à se retrouver comme Robinson contraints de réinventer leur vie ?
Un joli projet de lecture pour l'été que de faire moisson des réécritures du Mythe.
Un site très fourni est consacré à toutes ces productions et à leur analyse :
C'est une mine fascinante (qui va jusqu'à vous donner les sujets du Bac en 2003 et 2013...qui tournaient autour des réécritures de Robinson). Fouinez sur ce site bien organisé, cela vous donnera quelques idées si vous ne savez pas quoi lire avant de tomber dans la profusion de la rentrée d'automne.
Et si Robinson vous donne le bourdon, il sera toujours temps d'aller faire un tour chez Ulysse !