Dimanche dernier, je proposais mes livres au milieu des savonnettes au lait de chèvre, des cakes au miel, des sculptures sur bois et des bouillottes pour chiens et chats. Tout ça pour dire que la foire d'automne de Lissieu n'est pas un salon littéraire !
Peu de ventes, mais des rencontres éclectiques et passionnantes, de l'ado qui vient chercher des renseignements sur le monument aux morts de Lissieu pour compléter son exposé et avoir la meilleure note aux anciens Lissilois qui me racontent leurs histoires (de l'apiculteur qui a travaillé 41 ans au musée des Beaux-Arts et discuté avec Soulages pour la mise en place de son exposition aux familles qui se sont installées quand les agriculteurs ont cédé la place) et aux visiteurs de hasard qui passent là parce que c'est dimanche et qu'ils ont vu l'affiche.
Mon vrai lecteur est fonctionnaire, maître-nageur. Cet hiver, la piscine ferme pour économies de chauffage et il sera peut-être contraint de devenir agent de tri à la déchetterie ou agent d'entretien si la municipalité qui l'emploie ne trouve rien d'autre. Mon livre, il ne l'a pas acheté, je l'ai troqué contre un savon au lait de chèvre que produit sa compagne. C'est un vrai lecteur qui m'interroge sur le choix d'employer la troisième personne dans mon récit, qui aime que je parle à Jean Jacques Rousseau et que mes phrases soient simples et directes sans mot compliqué.
Je ne sais produire que des mots et un regard sur le monde. Troquer ces mots contre des cakes au miel, des poires ou des savons, c'est un pur plaisir, d'égal à égal, entre producteurs.
Avec ton docteur?