Arrière arrière-petit-fils de Louis Rose Gindre1 , arrière-petit-fils de Jean-Marie Carret, arrière-petit-fils de Louis Neyron, Monsieur R. G. collectionne dans son ascendance directe de grands noms de l’industrie lyonnaise du 19e siècle et début du 20e siècle. La soie, les pâtes alimentaires (Rivoire et Carret) et les sous-vêtements et les maillots de bain (Rasurel). Des entreprises familiales qui furent innovantes (mécanisation, internationalisation, publicité), et construisirent des fortunes. Des entreprises familiales qui bâtirent des ateliers et des hôtels luxueux, des résidences secondaires aussi, firent intervenir les plus grands architectes et les plus grands décorateurs avant d’être absorbées ou de disparaître. Des stratégies familiales, matrimoniales et patrimoniales plus qu’industrielles, qui n’ont pas su (ou pas voulu) résister à la mondialisation.
Des ancêtres partis de rien ou presque, ayant fait parfois de beaux mariages, mais pas toujours, ayant souvent eu l’idée d’associations fructueuses.
Louis Rose Gindre été né en 1797 à Pont-de-Boivoisin d’un père qui n’avait pas fait de bonnes affaires, l’obligeant à s’installer à Lyon avec sa mère et de commencer comme employé chez un fabricant de soierie. Il créera sa société, mariera bien ses enfants et son fils Claude poursuivra le développement de l’entreprise familiale.
Jean Marie Carret nait en 1829 à Civrieux d’Azergues d’un fils de tailleur de pierre, il s’associe avec son cousin Claudius Rivoire né en 1835 fils d’un marchand de vin. Ils créent leur société en 1860, Rivoire et Carret.
Louis NEYRON né en 1856 à Nantua dans une lignée de notaires de l’Ain, il va dès la fin de ses études de droit s’orienter vers l’Industrie textile. Il s’associe avec le docteur Rasurel, médecin de Nantua pour créer dès 1882 sa première société puis rapidement la Société du Dr Rasurel (qui, ensuite, deviendra Rasurel).
Des histoires de famille, des accidents industriels, des drames familiaux et des secrets (bien gardés ou oubliés) Monsieur R. G. peut vous en raconter pendant des heures en citant grâce à son excellente mémoire les dates de naissance et de décès de tous ses ancêtres, celles de leurs mariages également et la destinée de tous leurs enfants.
Bizarrement, ce n’est pas sur la tombe de ses ancêtres que je l’ai rencontré, mais sur celles des anciens maires de Lissieu, propriétaires des châteaux de Bois-Dieu et de la Roue, les Fleurdelix et de Charrin. Monsieur R G. a passé ses vacances d’ enfance à Bois Dieu, ses parents se sont mariés en 1941 à l’église de Lissieu et le repas de mariage a eu lieu à Bois-Dieu (avec les produits de la ferme), sa grand-mère y est morte. Faut-il que les souvenirs d’enfance soient forts pour qu’il veuille honorer ainsi des châtelains qui ne lui sont rien, si ce n’est les vendeurs du château de son enfance ! Des châtelains qui n’ont rien fait pour Lissieu, sauf à construire des murs pour protéger leurs terres des incursions des laboureurs de la commune et à faire quelques dons à l’église, malgré leurs fortunes acquises dans le bassin houiller du Gier. Honorer la clause (de prendre soin des tombes) d’un acte de vente de 1915, reprenant une délibération communale de concession perpétuelle de 1853, n’est-ce pas une curieuse, mais louable mission ?
C’est Monsieur R. G. qu’il faudrait honorer,lui dont le grand oncle Jacques a donné sa vie pour la France en 1940 dans la Somme2 à 26 ans, lui qui est la mémoire vivante d’une partie de ce que furent les entreprises familiales de la métropole de Lyon du 19e siècle au milieu du 20e siècle, de Givors à Lissieu. Moi, c’est pour cela que j’accepte de l’écouter pendant des heures. De surcroît, cela ne coûtera pas grand-chose à la petite commune de Lissieu d’honorer tous ses anciens maires et châtelains, y compris les ancêtres de Monsieur R.G. Les gens aiment l’histoire et qu’on leur raconte des histoires. Et l'histoire des châtelains de Lissieu vaut d'être racontée comme celle de toutes les batailles et sacrifices qui ont eu lieu sur le territoire de Lissieu. C'est une partie du patrimoine de la commune.
J'ai déjà écrit beaucoup de choses sur le sujet (articles déjà anciens qui méritent peut-être des ajouts et corrections car la mémoire est une affaire collective), il me reste à ne pas oublier les fusillés de 1944 et leurs stèles :
1Louis Rose Gindre est cité parmi les patrons du Second Empire dans le livre éponyme de Pierre Cayez et Serge Chassagne
2Il est inscrit sur le monument aux morts de Lissieu
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