Les chantiers de Lissieu qui nous font un printemps bruyant m'inspirent en texte et en images. https://youtu.be/wQoX9AVvnL0 (baissez le son si vous regardez la vidéo)
Lissieu fait partie de ces communes qu'une autoroute a coupé en deux. C'était il y a longtemps, cinquante ans au moins, et puis c'était l'autoroute du soleil et le bruit on s'y était habitué.
Aujourd'hui Lissieu se bétonne, Lissieu est livré à une intense passion édificatrice, comme une fièvre nouvelle, aujourd'hui Lissieu se constructionne
Vous entendez le tut,tut, tut des engins qui reculent ? le chuchotis du sable que sa benne déverse ou celui plus intense des graviers qui tombent ou le grondement des galets ? La terre qu'on charge, décharge, qu'on emmène, qu'on transporte, emporte et rapporte. Vous entendez le bruit de la pelleteuse qui creuse, le godet qui cogne, qui pivote et déverse son chargement dans la benne ? Entendez-vous la bétonnière qui tourne avec son poids de sable et de ciment ? Le camion-toupie qui malaxe en continu, mélange (doux murmure), monte sur ses verrins, déploie sa goulotte et crache la future dalle de béton ? Et le bruit des grilles métalliques tranportées, déchargées, déposées qui dormiront pour l'avenir dans les dalles. Entendez-vous les travailleurs qui s'appellent, rectifient la position, indiquent où et quand doit s'épandre le produit, se poser la grille ? Entendez-vous les échaffaudages qu'on monte le long des façades, la souffleuse qui projette l'enduit et les sons plus doux des palettes, raclettes, balais qui étalent le produit ? Il faudrait des mots pour dire tous ces engins et leurs cris. On apprend que la poule caquette, le chien aboie, l'âne braie, l'éléphant barit, mais on n'a pas de mots pour dire celui de la grue qu'on installe, des poulies qui fonctionnent, des charges qui montent et descendent, le bruit de machoires de la grue de déchargment qui s'ouvrent et se ferment, celui de l'enrobé qu'on décharge du camion pour combler les trous de la route, des palettes qui répartissent le produit, des balais qui néttoient de la dameuse et du rouleau qui entrent en action...et toujours les éclats de voix des travailleurs dont vous ne savez pas s'il s'agit d'indications , d'ordres, de blagues ou d'engueulades sur la marche à suivre et toujours le tut, tut, tut du camion qui recule, le tut, tut ,tut entêtant du camion qui recule
Lissieu se batît, Lissieu se transforme, Lissieu se contorsionne, lissieu vit un printemps bruyant. Ecoutez les bruits des chantiers de Lissieu, ça change du bruit des tailleuses de haie, tronçonneuses et autres tondeuses à gazon. Bientôt il n'y aura plus d'herbe à couper ni d'arbres à tailler. Et le souffle étouffé des sécateurs pneumatiques dans les vergers ne sera plus qu'un souvenir. L'autoroute continuera à nous bercer de son bruit de fond qu'on percevra plus ou moins au gré des vents.
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