
Michelangelo Bertani pratique la photographie au collodion humide ; ce dimanche après-midi, il invitait les photographes rencontrés à l'atelier-photo de Lissieu organisé par le réseau Rebond. On peut dire de lui ce qu'Alexandre Dumas* disait de Gustave Le Gray " J’ai compris que le photographe comme Le Gray est à la fois un artiste et un savant."
La photographie au collodion humide apparaît dès 1850 et remplace rapidement les daguéréotype parce que permettant des temps d'exposition beaucoup plus courts. Le procédé n'est pas simple. Toutes les étapes demandent connaissances, ajustements, précaution, rapidité et dextrérité. Mais permettent des résultats si excellents que " Les bateaux quittant le port du Havre" fut en 2016 la photographie du 19e siècle vendue la plus chère du monde (917 000 euros).
Gustave Le Gray(1820-1884), membre de la mission héliographique chargée d'immortaliser les monuments français devient aussi photographe officiel de Napoléon III mais finit sa vie au Caire dans l'indifférence générale pour son oeuvre photographique. Il reste pourtant le formateur des photographes français qui lui succèderont (comme Nadar) à travers ses livres* * et son atelier d'artiste, lieu d’apprentissage pour les élèves mais aussi salon ouverts au milieu artistique.
Le procédé au gélatino-bromure d'argent plus stable ne nécessitant pas une préparation et un développement immédiats remplacera le procédé au collodion humide vers 1880 ; associé au film souple, détronant la plaque de verre vers 1890, il sera à l'origine de toute la photographie, avant d'être remplacé par la photo numérique.
C'est pourtant avec la méthode du collodion humide que Muybridge réalisera en 1878 les chronophotographies de cheval au galop.***
Aujourd'hui, le collodion humide redevient à la mode auprès de certains photographes pour la finesse du rendu qu'il permet et comme Gustave Le Gray, Michelangelo a monté un atelier d'artiste. C'est là qu' il prend les photos et les développe. Il lui arrive même de pratiquer en extérieur avec une chambre laboratoire.
Comme Gustave Le Gray, Michelangelo adore partager sa passion : il peut faire votre portrait comme vous former à la pratique de collodionniste et même vous raconter l'histoire de la photographie car son atelier d'artiste recèle des trésors en matière de chambres photographiques, d'objectifs, d'obturateurs et de déclencheurs.
Passionné d'histoire de la photo, il n'en est pas moins ouvert aux innovations les plus anecdotiques, comme cet appareil chinois qui vous tire le portrait instantané sur papier thermosensible.

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*Alexandre Dumas (1802-1870), le grand écrivain, avait invité Gustave Le Gray à le suivre pour son voyage en Orient en 1859.
**Traité pratique de photographie sur papier et sur verre, Paris, G. Baillière, 1850, 43 p..
Photographie. Traité nouveau théorique et pratique des procédés et manipulations sur papier sec, humide et sur verre au collodion, à l'albumine, 1854
***Le 18 juin 1878, devant la presse convoquée, il dispose vingt-quatre appareils, (des chambres photographiques) le long d'une piste équestre blanchie à la chaux. Le procédé photosensible choisi par Muybridge est le collodion humide, qui permet des temps de pose rapides mais qui doit être préparé quelques minutes avant son utilisation. Chaque appareil photographique est enfermé dans un petit laboratoire photographique où un opérateur se tient prêt à enduire de collodion la plaque de verre et d'en charger la chambre photographique. De minces fils tendus sur le parcours d'un étalon, nommé « Occident », cheval de course du gouverneur Leland Stanford, sont heurtés violemment par son poitrail lancé au galop et se détachent après avoir déclenché à distance les chambres photographiques l'une après l'autre. De nombreux essais sont nécessaires, se soldant parfois par la casse des précieuses chambres6. Enfin, Muybridge obtient les fameux clichés qui confirment la théorie de Marey en la précisant : il n'y a pas décollage des quatre fers lors des phases d’extension du cheval au galop. Le décollage intervient en fait lors de la phase de regroupement.
Sur la vie mouvementée d'Edward Muybridge, je vous conseille la BD de Michel Delisle qui vient de paraître "Pour une fraction de seconde"
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