Hier, c'était ma journée barrières et limites.
Rendez-vous avec le géomètre et tous les voisins (anciens et futurs) pour un bornage amiable de la propriété de chacun ; tous masqués, gel hydroalcoolique à portée de main pour échanger le stylo et signer la feuille de présence. Malheureusement le géomètre n'a pas trouvé les bornes (même en creusant) qui délimitent les propriétés et nous sommes repartis sans signer le constat amiable.
En rentrant, j'ai chargé l'application Stopcovid France (qui ne se charge pas toute seule contrairement à ce qui a été faussement avancé par certains !) et regardé les nouvelles publications d'Amélie Viale, l'artiste lissiloise qui conçoit en ce moment une série intitulée le Syndrome des peurs cloisonnantes.
Cela m'a donné envie de regarder de plus près ces termes de limites et de barrière. La limite n'impose pas la barrière et la barrière n'engendre pas obligatoirement la peur. Comment les gestes-barrières en sont-ils arrivés, pour certains, à figurer la nécessité de se protéger des autres jusqu'à les éviter ? Comment en sont-ils arrivés à signifier la surveillance et l'enfermement qui nous seraient imposés par contrainte d'Etat ?
BHL fait même appel à Michel Foucault (mort du SIDA, faut-il le rappeler) pour critiquer avec virulence "notre incroyable docilité" face "aux exagérations du pouvoir médical" et à cette "mondialisation de la peur". Il faut écouter sa véhémence sur France Inter.
Qu'il faille rester vigilant face à la surveillance généralisée et à la limitation des libertés, qu'il faille dénoncer et combattre les violences policières, j'en suis intimement convaincue ; mais jouer au rebelle en bravant le virus, très peu pour moi !
J'aimerais entendre Michel Foucault aujourd'hui sur les mesures de protection face au coronavirus ; malheureusement il est mort en juin 1984, le VIH n'avait été isolé qu'en janvier 1983 par l'Institut Pasteur. On parlait encore de "peste rose" et cancer gay ! Certains se réjouissaient alors du châtiment imposé aux homosexuels, pendant que d'autres n'avaient pas de mots assez durs pour stigmatiser les précautions recommandées aux homosexuels et aux autres. Ce sont les malades et leurs proches qui ont engagé le vrai combat en créant des associations pour alerter, informer, prévenir et mettre en oeuvre les moyens de sauver des vies. Le compagnon de Michel Foucault le premier.
Aujourd'hui pas plus qu'hier, il n'est question de donner le pouvoir aux experts qu'ils soient médecins, énarques ou philosophes. J'en veux aux faux prophètes de guérison, à ceux qui nient la dangerosité du virus, à ceux qui accepteraient bien d'y laisser passer les vieux (comme les homosexuels quand il s'agissait du Sida ?). Je regrette que les médias ne donnent pas plus la parole à ceux qui ont guéri de la covid 19 ou à leur famille, plutôt que de nous faire entendre plus qu'à leur tour Comte-Sponvile, Jean Dominique Michel, BHL, Raoult...et autres penseurs-profiteurs de la pandémie.
Je n'ai pas peur, mais je me protège et je protège les autres.
Le géomètre "dit la propriété"*, il ne m'impose pas d'élever des barrières, ni de faire la guerre à son voisin.
*La profession dispose d’un monopole pour dresser les plans et les documents topographiques qui délimitent les propriétés foncières. Le géomètre-expert est ainsi le seul habilité à « dire la propriété » en fixant les limites des biens fonciers. À ce titre, il joue un rôle de premier plan dans le respect de la propriété et des biens fonciers qui constitue l’un des fondements de la société française.
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