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Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

Votre ancêtre possédait-il des esclaves ?


des esclaves noirs coupent la canne sous la surveillance d'un blanc
récolte de la canne à sucre dans une plantation 19e siècle

La mise en ligne le vendredi 7 mai 2021 de la base de données des indemnisations allouées aux propriétaires d'esclaves vous permet de rechercher si vos ancêtres possédaient des esclaves et quelle somme ils ont reçu à titre d'indemnisation (eux ou leurs ayants-droits).

Pour cela, il suffit de consulter la base de données esclavage et indemnités et d'utiliser le moteur de recherche.


Au-delà d'une liste de noms et de montants, l'intérêt de cette base de données est de mettre en valeur des mécanismes différents d'indemnisation selon les colonies et la façon dont ces indemnités ont été calculées.

  • Concernant Haïti (base de 1825), c'est la jeune république haïtienne née en 1804 qui a payé l'intégralité des indemnités pour conserver son indépendance et la reconnaissance de la France. La dette contractée par Haïti pour régler ces indemnités ne s'est éteinte qu'au 20e siècle : 150 millions de francs or, soit trois années de production de l'île !

  • Concernant les autres colonies (base de 1849 Martinique, Guadeloupe, Réunion, Guyane...), ce sont les contribuables français qui ont payé :126 millions de francs or (1,3 % du revenu national, soit l’équivalent de 27 milliards d’euros d’aujourd’hui)

On y apprend aussi que les bénéficiaires des indemnités n'étaient pas tous directement propriétaires d'esclaves ou descendants de propriétaires d'esclaves, mais parfois leurs créanciers ou des spéculateurs qui ont racheté des titres en pariant sur l'issue des négociations d'indemnisation.

Beaucoup de femmes aussi, veuves de propriétaires et des libres de couleurs qui possédaient à leur tour des esclaves. Des indemnisations différenciées enfin selon la colonie : La Réunion (où un propriétaire perçoit 671 francs or par esclave), la Martinique (409 francs or) et la Guadeloupe (447 francs or) reçoivent l’essentiel des indemnités, suivies par la Guyane, le Sénégal, Nosy Be (moins de 40 francs or) ou encore Sainte-Marie de Madagascar


Les faits étaient connus, aux travers de la thèse d'un chercheur allemand qui a déjà mis en ligne la base de données pour Haïti ou de la base de données anglaise mise en ligne en 2013 ou encore des écrits de Thomas Piketty Capital et idéologie, qui estime que la France devrait notamment "rembourser 30 milliards d’euros à Haïti" pour le préjudice causé par l’esclavagisme.

De la connaissance des faits à la reconnaissance effective de fortunes fondées sur la traite négrière puis les indemnisations, il faudra sans doute du temps. La traite négrière, un passé occulté par les entreprises françaises, un article du Monde à lire ici .

En revanche, esclavagistes ou non, la société française est pleine de descendants de colons et les généalogistes connaissent bien cette nostalgie mêlée de fierté d'avoir des ancêtres partis faire fortune par delà les mers. Qui n'en a pas dans sa famille ou sa famille par alliance ? Et il faut vraiment que la postérité ait gardé la mémoire d'atrocités commises par l'ancêtre pour que l'on n'ait pas envie de s'en souvenir.


Pour le moment, généalogistes emparez-vous de la base de données et voyez si votre ancêtre possédait des esclaves. J' y ai déjà trouvé l'ancêtre d'un habitant de mon village (qui n'a pas touché grand-chose), mais je ne vous dirai pas son nom.


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